2021 : Priorité aux reconversions professionnelles

La crise économique et sanitaire a accéléré fortement un phénomène engagé depuis longtemps, d’abord de façon sectorielle (1), et qui a désormais tendance à la fois à prendre de l’ampleur mais aussi à changer quelque peu de nature. Ainsi, changer de façon volontaire de production, d’organisation et de management de façon rapide (parfois « à vue ») a caractérisé beaucoup de domaines en pleine pandémie (2), en posant notamment les questions de « portage » et « mutualisation » de compétences sur certains territoires (3). Et, dans le même temps, de nouvelles vagues de restructuration ont commencé à atteindre y compris des secteurs traditionnellement pourvoyeurs d’emplois directs ou chez leurs sous-traitants (4), avec le risque de sinistrer des bassins d’emplois jusque-là plutôt épargnés (5). Et c’est sans compter avec l’émergence de nouvelles qualifications portées par les transitions numériques et écologiques …

Au total, rarement la nécessité de répondre à des besoins sociaux et économiques de reconversion professionnelle et celle d’accompagner des évolutions de compétences et de qualifications n’auront été aussi grandes et en mesure de bouleverser les données habituelles de la gestion prospective des emplois et des métiers.

Au départ (et parfois encore) critiqué du fait de la disparition du CIF et des FONGECIF, le nouveau dispositif créé par le Ministère du Travail et les Partenaires sociaux, pour répondre à ces enjeux, s’est progressivement mis en place et se déploie désormais, officiellement depuis le 1er février 2021.

RAPPELONS LES CARACTERISTIQUES DE CES « TRANSITIONS COLLECTIVES » :

Commençons par une « lapalissade » : dans CIF, il y avait « individuel » et dans TransCo (nom du nouveau dispositif), il y a « collectif » ! Au-delà de la boutade, parlante, il y a une vraie analyse des phénomènes évoqués plus avant et un portage inédit, permettant d’apporter enfin la cohérence qu’appelait la création du nouveau CEP dédié aux actifs …

La cible n’est plus un(e) salarié(e) avec une envie et/ou un besoin personnel de changement d’entreprise ou de métier mais un ou plusieurs salarié(e)s « fragilisé(e)s », en nécessité de reconversion professionnelle, et qu’il s’agit d’accompagner « vers des secteurs qui recrutent dans un même bassin d’emploi » et/ou de nouveaux métiers.

D’où l’importance de bien comprendre le dispositif, son apport et ses acteurs …

LES OBJECTIFS :

• « Protéger les salariés dont l’emploi est menacé, en leur évitant une rupture de parcours et un licenciement pour motif économique »
• « Maintenir ou développer des compétences utiles à l’échelle des territoires en fonction des besoins identifiés »
• « Mettre en relation les entreprises qui ‘décrutent’ et celles qui recrutent, via des plateformes de transitions professionnelles »
• « Offrir des possibilités de formations certifiantes (d’une durée maximale de 24 mois) à l’initiative du (de la) salarié(e) »
• « Viser un métier porteur dans sa région et/ou peinant à recruter »

LES ACTEURS :

Des OPCO qui repèrent les entreprises qui ‘décrutent ‘ et celles qui recrutent ; les informent et sensibilisent au dispositif TransCo et les aident à conclure des accords de type GEPP (Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels) ;
• Les Conseils en Evolutions Professionnelles (CEP) (6) qui accompagnent les salariés dans l’élaboration de leur projet, travaillent sur l’analyse des compétences des salarié(e)s, construisent des parcours individualisés et garantissent le caractère volontaire de la démarche (document disponible en téléchargement) ;
Les structures Transitions Pro qui assurent la gestion administrative des dossiers de Transitions Collectives, financent (sur décision des Commissions Paritaires Interprofessionnelles Régionales, les CPIR) (7) et paie notamment les coûts pédagogiques et rémunérations des salarié(e)s concerné(e)s.

LES OUTILS DE TRANSCO :

Un « Appel à manifestation d’intérêt » (forme souple et dynamique d’Appel à projets) a été lancé par le Ministère du Travail le 28/11/2020 qui a fait émerger une centaine de projets dans les territoires. Ceux-ci sont très divers tant dans leur « portage », toujours sous forme de « consortium » (Branches, Groupements d’employeurs, associations régionales Transitions Pro, Collectivités locales, Organisations patronales ou syndicales … à l’exclusion des organismes de formations qui ne sont mobilisés que comme opérateurs et non décideurs) que dans leur « périmètre » (en fonction notamment des potentiels de reconversion correspondant aux listes régionales de priorités établies par les CREFOP en région) …

L’Association paritaire CERTIF’PRO, présidée par Philippe DEBRUYNE, anime, comme « tête de réseau » les Association TRANSITIONS PRO en région, facilite l’échange d’expériences et la coordination des acteurs et des outils …

Des « Plateformes territoriales de transitions collectives » se mettent en place autour des projets retenus. Une illustration en a été donné en Ile de France dans le cadre d’une Convention de partenariat conclue dès janvier dernier entre l’Association Transitions Pro (ATPro) francilienne (8) et le Groupement EVOLUTION Ile de France (retenu par FRANCE COMPETENCES pour assurer le service du CEP en région) (9) (avec un objectif de 18 000 accompagnements et le financement direct de 12 000 projets ou dispositifs locaux en 2021.

Ces questions de RECONVERSIONS PROFESSIONNELLES et de TRANSITIONS COLLECTIVES ont déjà donné lieu à d’intéressants échanges lors de la Matinale du 18/02/2021 organisée par nos amis de l’AFREF (http://fr.afref.org/index.php) (10). Avec de nombreux acteurs concernés, nous nous proposons d’y revenir et d’approfondir les pratiques qui se seront déployées d’ici là, lors de notre « UNIVERSITE DE PRINTEMPS 2021 », dont ce sera l’une des thématiques majeures avec celle de la RECONNAISSANCE SOCIALE ET PROFESSIONNELLE. 

A bientôt donc !

1) Des restructurations du Textile ou de la Sidérurgie lorraine à celles plus récentes de la Mutualité, en passant par les crises successives dans les Banques-Assurances.
2) Cf. La Matinale de l’AFREF du jeudi 26 juin 2020, citée par ailleurs, et les contributions de Xavier ROYER (MEDEF), Marc BOURDAIS (Compagnons du Tour de France), Damien BROCHIER (CEREQ) et les enquêtes évoquées de OUEST FRANCE et du COURRIER PICARD.
3) Voir également notre article de Juin 2020 dans la Rubrique TRIBUNE de ce BLOG
4) L’Aéronautique en est une illustration manifeste.
5) Comme l’agglomération toulousaine.
6) Les acteurs du CEP sont : Pôle Emploi, les Missions Locales, l’APEC, CAP Emploi et un opérateur sélectionné par Région (en Ile de France, il s’agit du « Groupement EVOLUTION » dont le Cabinet TINGARI est mandataire).
7) Le dispositif est co-financé par le FNE-Formation (géré par les Transitions Pro) et des fonds d’entreprises (y compris en partageant entre une entreprise de départ et une de destination).
8) Pour rappel : TRANSITION PRO IdF est un des partenaires de notre Association et a contribué à la réussite de notre « Conversation professionnelle » du 17 novembre 2020 dédiée aux personnes handicapées.
9) A titre d’exemple, on pourra télécharger la présentation d’une des Plateformes mises en place en Ile de France.
10) Voir la présentation de ce Jeudi de l’AFREF (que nous avions annoncé sur ce BLOG ).

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