Après bien des vicissitudes, notre Association a pu mener à bout son projet de « Rencontre Professionnelle » le 3 mars 2020. Initialement programmée en décembre 2019 (et reportée dans le contexte social que vous connaissez) elle aurait dû constituer notre « Université d’hiver ». A quelques jours du printemps, il aurait été osé de garder cette appellation ! Néanmoins, elle a gardé volontairement un petit côté de la grande U.H.F.P. de Centre INFFO, très réussie ; car pour celles et ceux qui n’ont pas pu aller à BIARRTIZ discuter de la « nouvelle donne de l’Apprentissage » ou de la « Formation en situation de travail », les ATELIERS du matin ont permis d’échanger avec une bonne partie des interlocuteurs/trices les plus pertinent(e)s de ces sujets…
• L’ATELIER sur la Formation en Situation de Travail a été introduit par Emmanuelle BEGON (MaFest) (qui a mis l’accent sur des pratiques marquées par une « alternance de temps de mises en situation aménagées d’apprentissage et de temps réflexifs »). Nourri des expériences du Cabinet Pro-Sapiens (Agnès WEISSBERG) et des apports complémentaires de l’Institut du Travail et du Management Durable (Elsa BONNAL), du Dispositif « Zero Barrier » (Eugénie DALIMIER) ou d’Hubert GRANDJEAN (AFDEC), l’Atelier a pu revenir, avec Catherine BISSEY, sur l’expérimentation initiale menée par ACTALIANS et s’enrichir des projets de mobilisation en faveur des TPE dans le cadre nouveau de l’OPCO EP … Clairement « l’AFEST bouscule les organisations et le management », comme l’a relevé le Quotidien de la Formation.
De l’aveu de tous, il faut prendre le Décret AFEST comme un point d’appui et non l’occasion de créer une usine à gaz ou un « marché de niche » opportuniste, pour des formateurs. Ce dont les entreprises qui s’engagent dans la démarche (ou donnent dans ce cadre un sens nouveau à leurs efforts) ont besoin, ce n’est pas de « sachants » mais d’« accompagnateurs du développement des compétences » en phase avec leur système de travail, des experts se mettant au service de leur besoin, aux côtés des chefs d’entreprises ou des manageurs impliqués. A ce prix, « l’AFEST peut devenir la forme privilégiée d’organisation apprenante pour les TPE, en offrant une analyse quasi permanente des écarts entre pratiques constatées et fondamentaux nécessaires » (C. BISSEY).
• L’ATELIER sur la « nouvelle donne de l’Apprentissage » a été introduit par Stéphane BELLUCO (un des anciens responsables du CCCA-BTP) qui a d’abord fait un tour d’horizon du nouveau cadre juridique et financier de l’Apprentissage, avant de lancer la discussion – animée par Frédéric AUBRETON (Cabinet Pro-Sapiens) – sur l’évolution des pratiques qui peuvent en découler.
La longue et riche expérience de la Fédération des Compagnons du Tour de France a été « convoquée » par Marc BOURDAIS, son Secrétaire général, pour évoquer non seulement leurs acquis mais la façon dont la Fédération a déjà commencé à gérer de nouvelles pratiques et les étendre dans différents métiers de leur champ. Complétés par le témoignage d’un CFA du numérique (M2i Formation) et un panorama dressé par Jean Philippe AUDRAIN (pour la FNADIR, Fédération des directeurs de CFA), les échanges se sont ensuite portés vers la situation nouvelle que constitue la « résurgence » des Ecoles et CFA d’entreprises, éclairée par Yann BOUVIER (de la FIPA, Fédération pour l’innovation en apprentissage) (et illustré notamment par l’appui à leur développement qu’apporte Marc PONCIN de l’ I- Académie).
• Un « retour croisé » de 2 Ateliers aura permis ensuite de mette l’accent sur le nécessaire dépassement des différences juridiques ou d’organisation des dispositifs, pour aller à ce qu’il y a de profondément commun dans ces deux « sphères d’émergence et de développement des compétences » : le fait que la compétence ne s’acquière pas mais se construit, et ce d’abord dans le système de travail (comme l’a si bien rappelé Pascal UGHETTO, dès le lancement de ns travaux au printemps 2019) ; que l’« entreprise apprenante » n’est pas forcément une abstraction où l’« inaccessible étoile » de Jacques BREL, mais une réalité qui, elle aussi se construit selon des principes et des pratiques remises en lumière par des expériences concrètes tant d’Apprentissage que d’AFEST (comme l’a démontré notamment Yannick RAMPAL). Et les rapporteurs des deux ATELIERS ont su tracer un vrai continuum avec les questions de la PLENIERE, en soulevant le rôle attendu des manageurs et autres « acteurs internes des transformations des entreprises » (comme l’explicite bien Jacques BAUER, malheureusement excusé en ce 3 mars).
La RENCONTRE s’est poursuivie par une PLENIERE dense, dédiée à la vocation première de l’Association d’être utile aux transformations des entreprises et à leur recherche de performance économique et sociale, avec tout un après-midi d’apports et d’échanges consacré à cette question clef : « comment le management peut être mobilisé, outillé et aidé dans son rôle et sa responsabilité d’accompagner la compétence des salariés » … question ô combien importante et d’actualité puisque le texte d’un « Accord National Interprofessionnel », incluant ces questions, venant tout juste d’être proposé à la signature des partenaires sociaux, a même été évoqué !
L’après-midi s’est déroulé selon plusieurs séquences, permettant à chaque fois des échanges entre intervenant(e)s et avec la salle (dont vous trouverez une synthèse détaillée dans l’article suivant de M.H. KOLASNIEWSKI).
• Un « paysage » a été posé, d’abord avec Joseph COVIAUX (APEC) présentant et mettant en discussion les dernières études portant sur « les nouveaux enjeux du management » et « les cadres et la formation professionnelle1 » , en pointant le décalage entre les attendus voire les exigences vis-à-vis des manageurs et leur implication dans l’accompagnement des compétences. Puis avec Catherine GWET (DEFI METIERS) qui, s’appuyant sur tout un travail avec les entreprises franciliennes, a souligné le caractère « contextué » de la compétence et a réfuté l’idée qu’elle puisse être « un simple attribut de la personne » ; elle a également tracé la perspective d’un « Observatoire dynamique des besoins de compétences » capable de décrypter les attentes des dirigeants autant que des manageurs de proximité). Enfin ce cadre a été complété de façon intéressante et imagée par Frédéric PETITBON, Consultant-Chercheur, qui s’est attaché aux contradictions vécus par les manageurs sur le terrain, dans un contexte d’accélération des transformations.
• Un zoom sur le rôle et les responsabilités des manageurs a été proposé, au nom de l’Observatoire des cadres CFDT, par Anne-Florence QUINTIN, dialoguant avec Armel GUILLET (CNAM Entreprises) sur ce qu’on doit et peut attendre tant des manageurs en place que ceux en formation. Clairement, l’accompagnement des salariés, « en place » ou « entrant » n’est ni assez encouragé ni assez présent dans les « standards managériaux » tant à l’embauche (comme l’avait fait remarquer Alexis BRODSKY, d’Arrowman Executive Search, dans une précédente « Conversation professionnelle ») que dans la majorité des formations au management. Au passage, on s’est interrogé sur la possibilité qu’un nouvel Accord National Interprofessionnel (ANI) sur l’encadrement « booste » le sujet, tant il pointe à juste titre les nombreux domaines d’accompagnement des compétences aussi bien des manageurs eux-mêmes que des salariés dont ils peuvent être en charge. Ces échanges auront aussi été l’occasion de pointer l’importance de l’« entretien professionnel » (dont ni le cadre ni la méthode ne devraient être confondus avec l’« entretien annuel (d’évaluation) »), ce moment privilégié où peut exister « la confrontation entre la représentation des compétences du salarié et la stratégie de l’entreprise », comme l’a rappelé Hubert GRANDJEAN, en plaidant pour confier cela à des « référents, formés et liés à la stratégie de l’entreprise ».
• Les besoins et les moyens d’accompagnement ont été au centre du temps d’échanges suivant : introduite par Vincent GUIBERT en faisant le lien avec les attentes et les manques pointés auparavant, cette séquence a bénéficié de l’expérience de Joël RUIZ (Directeur délégué de l’OPCO EP et ancien DG d’AGEFOS PME), représentant un opérateur historique de l’accompagnement des TPE et PME. Il a mis l’accent sur l’enjeu que représente ce tissu d’entreprises en France et le manque tant de repères que de moyens pour nombre d’entrepreneurs, face à cette question de l’accompagnement des compétences, y compris du management de proximité (lorsqu’il en existe). Il a souligné l’impérieuse nécessité pour l’OPCO d’être pleinement engagé dans le conseil et l’accompagnement, de professionnaliser ses équipes pour ce faire … et de pouvoir compter sur des partenaires « accompagnateurs (externes) de compétences », sur des projets et/ou en réseau, notamment sur les territoires… L’expérience à grande échelle de l’AFDEC (des PME à de très grandes entreprises), positionnée de longue date par Hubert GRANDJEAN sur l’accompagnement des transformations des entreprises et du développement des compétences, a permis de vérifier aussi bien l’importance des besoins repérés que la nécessaire simplicité et opérationnalité des réponses attendues.
Ce fut donc l’occasion de rappeler le gros travail entrepris avec AFNOR pour « outiller » les entreprises et leur management, déjà avec la parution et le début de mise en œuvre de la Norme X50-774 « Réussir un plan de développement des compétences en entreprise ou sur un territoire », et avec en perspective tout un travail sur l’évaluation…
Le mot de la fin est resté à Joël RUIZ, rappelant que « pour bien manager, il faut d’abord aimer les autres » !
La RENCONTRE s’est achevée :
– sur une synthèse dynamique de Guillaume RAVEL (Fondation Paris Tech), en forme également d’incitation à poursuivre la réflexion et à produire des références et de l’expérience analysée …
– sur un appel lancé par le Président de l’Association, Jacques FAUBERT, à la rejoindre et à participer à ses travaux.
Un reportage vidéo et des « capsules » dédiées à telle ou telle séquence (ou intervention) seront prochainement disponibles sur ce BLOG et/ou une chaîne YOUTUBE en construction. Chacun en sera, bien sûr, avisé …
D’ici là, vous pourrez aussi lire l’excellent reportage de Nicolas DEGUERRY, sur notre après-midi, intitulé à juste titre « Le management, au cœur des stratégies de développement des compétences », en vous procurant le n°984 d’INFFO Formation.