ENTRETIEN AVEC VINCENT GUIBERT, dirigeant d’ACDE Conseil
Parlons de ton parcours : entreprendre, manager et accompagner le management…
« Après un parcours d’ingénieur « centralien », j’ai choisi de m’impliquer dans le monde des « Société de Services et de Conseil en Informatique », ancêtres des SSII et des ESN puis dans celui des éditeurs de logiciels de gestion de projets, puis dans une start-up, avant de créer ma propre entreprise.
Après avoir passé presque 20 ans à vendre des systèmes de planning et de reporting, avec en tête l’importance de l’implication des utilisateurs et la conduite du changement, j’ai décidé de privilégier le facteur humain, et la qualité du management qui conditionne le niveau d’engagement des individus et par là même la performance de l’entreprise. Avec un ami coach, j’ai créé ACDE Conseil en juin 2003 et en parallèle, co-écrit « Comment Manager » (aux Editions Eyrolles), publié début 2004 et réédité en 2009. »
Quelles sont les caractéristiques de ce positionnement ?
« Cette pratique de management, qui finalement consiste à traiter à parité la performance de l’entreprise et la motivation et le bien-être des individus qui la compose aura un nom : le « Management Equitable », déposé à l’INPI. Suivront des outils pour accompagner et aider les managers à y voir plus clair.
La Charte de Management Equitable® qui en précise les attendus.
Une charte de courtoisie au travail parce que certains fondamentaux passaient trop souvent à la trappe.
Le PMOScope® pour aider les organisations qui fonctionnent par projets à mieux identifier leurs facteurs clés de succès.
Le référentiel MOCA® (Mener, Organiser, Communiquer, Accompagner) qui précise les compétences attendues chez un manager contemporain.
Et récemment MOCA360®, système d’évaluation et de développement des compétences en management. »
Quelle place singulière ACDE s’efforce-t-elle d’occuper ?
« Nous espérons que la récente loi PACTE, qui intronise les notions de « Raison d’être » et d’« Entreprise à Mission » permettra de redorer le blason des entrepreneurs aux yeux de ceux qui en ont une vision trop manichéenne de l’entreprise.
Dans cet esprit, nous venons, chez ACDE Conseil, de redéfinir notre propre raison d’être dans les termes suivants :
« Contribuer à la performance et au bien-être professionnel dans les entreprises en transformation par la mise en place de pratiques de management équitables et de solutions collaboratives innovantes ».
Quelle a été votre plus grande difficulté (et/ou celle que vous n’aviez pas envisagée) ?
« Ce qui m’a le plus affecté, ce sont certaines attitudes : les gens qui disent « oui » par manque de courage ou par peur du conflit, ceux qui qui ne tiennent pas leurs engagements, les trahisons, les égoïsmes, les manques d’altruisme. Ceux qui prétendent « avoir oublié » pour mieux échapper à leurs responsabilités. Ceux qui vous ont rejoint après s’être fait virés d’ailleurs et qui repartent deux ans plus tard pour gagner un peu plus ou pour se fatiguer un peu moins. Ceux qui ne se présentent pas en rendez-vous de recrutement sans même prévenir. Ceux qui tiennent de grands discours sur l’entreprise et qui ne pensent qu’à leur propre activité, qu’à leur salaire ou qu’à leur confort personnel. Là encore c’est une minorité de personnes, très peu à côté de ceux qui font preuve d’engagement, d’initiative ou d’humanisme à tous les instants.
Une autre difficulté non envisagée, et pourtant ô combien prévisible, c’est, depuis peu, la différence d’âge qui se crée, avec certains clients ou chefs de projets parfois plus jeunes que mes propres enfants (sans parler du « OK Boomer ? » qui fait fureur depuis quelque temps). A ceux qui ont tendance à me faire remarquer que « à mon époque, avant le digital, ça ne fonctionnait pas comme maintenant », je suis obligé de rappeler que j’ai passé le bac l’année où Steve Jobs et Steve Wosniack ont inventé l’Apple II, que j’ai commencé à travailler sur des ordinateurs en réseau en 1982 puis sur des PCs dès 1983, que le « digital » se nommait « informatique », que je suis connecté sur un réseau mondial depuis 1983 et sur Internet depuis 1994, qu’avant les méthodes agiles il y a eu les livraisons incrémentales dès les années 1990 etc. Bref, les jeunes considèrent que les vieux sont dépassés, les vieux considèrent que les jeunes n’y connaissent rien… mais il en est ainsi depuis des millénaires ! »
Pourquoi s’engager aujourd’hui dans l’Association pour l’accompagnement et le développement des compétences ?
« Aujourd’hui, les transformations que vivent les entreprises se matérialisent autant en termes de systèmes que de compétences. Ce besoin d’acquisition et de développement des compétences est maintenant parfaitement reconnu et les entreprises y répondent en exigeant des formations qu’elles apportent plus de valeur qu’auparavant. A savoir qu’elles en attendent un ancrage durable de nouvelles compétences et un retour sur investissement tangible et rapide. Le manager de proximité participe également à ce ROI car son rôle évolue vers moins de dirigisme et plus d’accompagnement. La loi de septembre 2018 le reconnait en valorisant les AFEST et les CFA d’entreprise. En écho à cette tendance, les métiers du conseil, de la formation et du coaching évoluent et tendent à se rejoindre. Se dessinent ainsi de nouveaux objectifs pour le management et de nouvelles exigences pour les consultants comme pour les formateurs ou les coachs, qui vont être confrontés à ces enjeux complexes d’acquisition progressive de nouvelles compétences. En mettant l’accent sur le rôle d’accompagnateur qui caractérise le manager contemporain, l’ADEVCOMP répond tant aux préoccupations des entreprises que de celles ces professionnels de l’accompagnement. »