De l’ensemble des « nouveautés » amenées par la Réforme du 5 septembre 2018, les commentateurs comme la majorité des acteurs ont principalement retenu les problèmes de financement (collecte, priorités, …), la mise en œuvre du CPF, les rôles dévolus respectivement à FRANCE COMPETENCE et aux OPCO, la place désormais allouée à l’Alternance (et spécialement à l’Apprentissage) et les différentes facettes de la question des Certifications (celles des parcours et celles des opérateurs)…
Tout ceci est bien vu et devrait amener à s’intéresser au sort des propositions des partenaires sociaux qui, pour l’essentiel, portent sur ces sujets, tant dans la campagne que dans les décisions à venir.
Mais, si on en revient aux deux grandes promesses de la Réforme : une loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » et qui trace la voie d’une « nouvelle société de compétences », il y a quelques points qui mérite le coup de projecteur que notre Association pour l’accompagnement et le développement des compétences tente de leur donner, depuis sa création en 2019 :
D’abord, il nous faudrait sortir du tohu-bohu et des effets de mode sur ce que d’aucuns appellent les « soft skills », en les mettant à toutes les sauces (comme l’a très bien montré Maurice Thévenet), au point que beaucoup de journalistes voire de recruteurs ne se donnent même plus la peine de définir ce que nos cousins québécois dénomment, eux, « compétences sociales et relationnelles ».
Et si nous avons commencé nos réflexions sous l’égide du « développement des compétences », nous l’avons fait et continuons de le faire (au fil de nos « Conversations professionnelles ») en partant des réalités que sont le « travail » et l’« expérience » (dont la reconnaissance nous parait devoir être le prochain grand défi !) , en considérant les acquis de la personne et ceux du collectif comme autant de « ressources » et en mettant l’accent sur le résultat attendu ; car il nous semble que c’est de cette posture concrète qu’ont besoin les chefs d’entreprises (spécialement des PME-TPE), les manageurs et, de fait, les partenaires sociaux.
Mais, précisément, pour nous qui développons nos activités majoritairement à partir de « professionnels de l’accompagnement des compétences », l’accompagnement représente à la fois un enjeu majeur et le meilleur des leviers pour répondre aux deux principales « promesses » évoquées.
D’une part, parce que, du côté des salariés et/ou des demandeurs d’emploi, c’est la qualité de l’accompagnement qui permet d’accéder dans les meilleures conditions à des reconversions professionnelles réussies et/ou des évolutions qualitatives, en permettant ainsi de construire son avenir.
D’autre part, parce que pour l’entreprise et son management, il n’y a pas de « société des compétences » crédible sans accompagnement de l’expérience vers la performance, c’est-à-dire la compétence prouvée en acte ; ce que le développement en cours de l’AFEST et l’investissement croissant dans l’Apprentissage, à tous les niveaux (y compris supérieur) tendraient notamment à prouver.
Et si on peut apprécier l’intérêt et l’appui apportés récemment aux dispositifs des « transitions professionnelles », force est de constater qu’entre multiplicité des guichets et dilution des moyens, l’accompagnement des PME et des TPE dans leurs nécessaires transformations reste encore dans un angle mort … ce qui constitue un paradoxe pour une conduite de changement qui se veut ambitieuse.
Et, pour conclure, provisoirement, nous soulignerons que le plus probant des accompagnements est celui réalisé par les acteurs de l’entreprise eux-mêmes ; ce qui devrait amener les professionnels de la chose (consultants, coachs, formateurs, …) à la posture modeste mais précieuse de « méta-accompagnants », que des dispositions à venir seraient bien avisées d’encourager !
Jacques FAUBERT,
Président-fondateur d’ADevComp. Avril 2022