Editorial 2024

« Ce qui nous empêche de changer, ce ne sont pas seulement nos doutes mais bien plus souvent nos certitudes… » (Sénèque)

Après les années que nous avons traversées au ralenti, 2023 a offert à la reconnaissance sociale et professionnelle de l’expérience et des compétences un nouveau souffle : de nombreuses expérimentations et des références nouvelles ou renouvelées l’ont permis.

Notre association y a pris sa part, comme elle avait su au préalable se positionner dans la construction et le déploiement des nouvelles Normes AFNOR sur les compétences, ainsi que la promotion de la Formation En Situation de Travail (FEST) ou du nouveau ROME 4.0.

Nous avons donné la parole à celles et ceux qui expérimentent comme aux représentant(e)s des institutions qui les promeuvent ou les encouragent, tant dans le cadre de la « nouvelle VAE » que de la « Reconnaissance ouverte » (et des « Badges numériques »), tout en allant, partout où cela a été possible, à la rencontre des acteurs du monde de l’entreprise et de ses attentes et besoins en la matière : nos « Conversation professionnelles » et notre « Université d’automne » en témoignent, ainsi que notre participation active au Comité national des acteurs des badges numériques, dont nous avons fait nôtre l’objectif de « promouvoir l’économie de la connaissance et la société de la reconnaissance », mis en avant à l’occasion d’un Colloque fondateur au CESE.

Il n’en demeure pas moins de nombreuses questions à faire avancer, non pas seulement pour consolider les expériences (et les nouvelles pratiques sociales dont elles sont porteuses) mais surtout pour que l’on commence à assister à un véritable changement de paradigme : la prise en compte des nouvelles reconnaissances, formelles et non formelles, dans la vie des entreprises et des associations et dans le dialogue social territorial et de branches.

Nous sommes heureux d’avoir ouvert une fenêtre sur cette perspective, à l’occasion de notre Université du 29 novembre 2023. Mais nous sommes, comme nos partenaires d’ailleurs, soucieux de la façon dont il va s’agir d’accompagner les acteurs engagés sur le terrain face à tel enjeu.

Comment la « nouvelle VAE » peut-elle réussir là où la VAE traditionnelle n’avait pas brillé jusque-là ? Comment des entreprises de toutes tailles (et pas seulement de grands groupes) pourront-elles « mettre à leur main » une dynamique de reconnaissance ouverte, innovante, s’appuyant en particulier sur la construction d’« open badges », qui viennent répondre concrètement à leurs besoins d’identification, de cartographie et de mobilisation des expériences et des capacités de leur personnel (permettant de la sorte de les fidéliser ou d’enrichir leurs possibilités de parcours professionnels) ? Mais posons-nous également la question : comment la F.E.S.T. et les logiques d’ « organisations apprenantes » pourraient-elles être des terrains privilégiés de construction et de déploiement de modalités de reconnaissance ouverte ?

Et enfin, nous souhaitons, avec tous les partenaires qui partagent nos réflexions, tenter de « challenger » les institutions (Etat et Collectivités territoriales) et le paritarisme des Branches professionnelles pour les voir entrer dans des logiques d’ouverture des références collectives existantes à ces nouveautés, si importantes pour ces millions d’actifs (salariés et demandeurs d’emploi) qu’on traite trop souvent de « non qualifiés » là où il n’y a que des « non diplômés » en quête de reconnaissance …

Et c’est autour de tous ces sujets, en nous efforçant de mettre en visibilité leurs complémentarités et interactions, que nous proposerons au fil de cette nouvelle année des occasions d’échanges et de partages d’expériences susceptibles de lever des doutes et balayer un certain nombre de certitudes qui peuvent freiner le développement de la reconnaissance sociale et professionnelle, à laquelle nous sommes décidemment si attachés !

Jacques FAUBERT
Président de l’Association pour le Développement
et l’accompagnement des Compétences (ADevComp)

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